Une visite intéressante. [PV : Kinzo | Flash Back]

Konohagakure no Sato. Le Village caché de la Feuille.
Un léger sourire apparaît sur mon visage lorsque la fameuse entrée du Village surgit dans mon champ de vision. Ces larges et hautes portes, qui n'ont pas changé depuis au moins un siècle ! Ces gardes, assez sympathiques une fois qu'on a appris à les connaître, et surtout cette vie comparable à une fourmilière qui se dégage de l'endroit. J'adore Konoha : c'est un fait incontestable. Contrairement à Kumo, la population ne donne pas l'impression d'être aliénée, et continue sa routine sans avoir l'air de pantins sans vie. Ils n'ont pas à souffrir des abus de leur Kage, bien qu'il soit aussi abominable que le Raikage. Le Pays du Feu est beaucoup plus riche au niveau de matières premières que celui de la Foudre, avantage permettant à la population de ne pas mourir de pauvreté.  Et ils n'ont pas à mettre leur richesse dans la reconstruction du Village. Enfin, pas en ce moment. Le Village de la Feuille, d'après les cours d'histoires, a été totalement détruit avant la 4ème Grande Guerre, mais c'était il y a bien longtemps. Il été reconstruit presque à l'identique depuis.

J'avance à grandes enjambées pleines de motivation à travers les rues. Je suis d'une extrême bonne humeur, ce qui est assez rare ces derniers temps. La raison ? Aujourd'hui, je vais me retrouver en possession d'informations qui pourraient s'avérer utiles pour les rebelles.
Officiellement, je suis à Konoha pour remettre des infos de la part du Raikage, et ramener en échange celles du Hokage. Bref, des échanges d'informations de coutume entre deux pays alliés. Pourquoi ne pas passer par les oiseaux messagers ? Simplement parce qu'il serait trop facile pour les pays ennemis de les intercepter. Je suis le Messager, une espèce de Poste. Bien sûr, ils s'envoient aussi des courriers codés, mais comme on dit : Prudence est mère de Sûreté.
Officieusement, je glane quelques contacts par ci par là afin d'aider au maximum les membres voulant renverser le pouvoir à Kumo, dont je fais partie. Heureusement, mon double jeu marche à merveille, et les autorités Kumojins ne se rendent compte de rien. La confiance qui m'est accordée est assez surréaliste, mais j'ai travaillé dur pour y arriver.. Et c'est surtout qu'aucun des deux villages alliés ne possédaient de ninja capable de traverser seul et en toute discrétion la moitié du continent à n'importe quel moment, à part moi.

Les informations sont rarement écrites sur parchemins : il suffirait de me tuer pour y accéder. On me donne les infos à l'oral, que je répète comme un dictaphone, afin de n'avoir aucune trace.Ce système est totalement inutile puisque la plupart de ce que je sais, je le transmet aux rebelles. Bref, tout ça est trop compliqué, et je dois moi-même faire attention à ne pas me mélanger les pinceaux.

Arrivée au bâtiment principal de l'administration (celui où se trouve le bureau du Hokage), j'adresse un signe de tête aux gardes et entre en fronçant les sourcils. D'habitude, il n'y a pas de gardes ici. Je continue mon ascension à travers les niveaux pour finalement me retrouver à l'entrée du bureau du Kage. Je toque, comme à mon habitude, puis entre avant même d'y être invitée. Mon manque de politesse évident a fini par devenir une situation normale. Le Kage relève légèrement la tête de ses papiers et me fait signe d'approcher ; puis il se relève sur son siège afin de m'accorder toute son attention.

- Alors Kumojin, que m'apportes-tu comme nouvelles du Pays de la Foudre ?
- Rien d'important : Aucune attaque ni aucun trouble dû à un Pays ennemi n'a été déclaré sur la totalité du territoire. J'ai été envoyée surtout suite à la missive de la semaine dernière.
- Je sais. Alors écoute bien, voilà ce que tu diras à ton Kage : 'Afin de souder au maximum notre entente, le Conseil a décidé d'un commun accord de partager des informations sur le Jinchuriki de Kyubi. L'actuel hôte se nomme Uzumaki Kinzo, c'est un Jônin et réside au Village-même. Nous le gardons sous surveillance constante.'

Le Hokage me tend une photo du-dit hôte. Je la lui prend des mains et la mets dans ma sacoche après y avoir jeté un œil. Les photos ne sont pas très facilement 'transportables par la paroles '..  Je relève la tête en direction du Konohajin et arque les sourcils d'un air interrogateur.

- C'est tout ? Vous m'avez fait venir juste pour ça ?
- Cesse ton insolence, Kumojin, tu pourrais faire éclater un conflit avec une telle imprudence. Non, ce n'est pas tout : 'Konoha demande l'autorisation d'envoyer son Jinchuriki sur l'Île Tortue et de l'y enfermer si il s'avère être en danger ou représenter une menace quelconque pour l'Alliance.' Après tout, ce ne serait pas la première fois qu'on y envoit des Hôtes, n'est-ce pas ? Bien, tu peux y aller.

Nouveau geste de la main, cette fois-ci me faisant comprendre de déguerpir au plus vite. Je fais donc demi-tour et prend la direction de la sortie. 'Ce ne serait pas la première fois.' Certes, c'est arrivé, du temps de la 4ème Grande Guerre, mais à cette époque, les Kages n'étaient pas aussi... écœurants. Je serre les dents et ravale mon dégoût au mieux. 'Représenter une menace quelconque', que doit-on comprendre ? En quoi cet Hôte représenterait-il une menace ? Peut-être ne contrôle-t-il pas tout à fait Kyubi.. ou qu'il est lui-même une menace. Mais alors, quel genre de menace ? Va savoir. Je n'ai pas le temps d'y penser, je dois me ravitailler et me reposer avant de repartir.

Le centre-ville est bondé. Raah, décidément, ce Village est vraiment agréable ! Je n'arrive pas à m'empêcher de flâner à travers les étalages en souriant comme une enfant ravie, bien que certains passants me regardent d'un œil méfiant. Sûrement à cause de mon bandeau, que je porte accroché à ma cuisse droite, par dessus mon short. Il n'est jamais agréable de voir un étranger se balader dans son village alors que la guerre risque d'éclater à n'importe quel moment, même si le-dit étranger est un allié : c'est toujours de mauvaise augure. Pour ceux qui voient ça comme un fait rassurant, ce doit être encore pire. Voir une étrangère, d'un village allié, se balader gaiement comme si de rien était.. et encore ajouter le fait que j'ai l'air d'une gamine, faible et idiote..  Les pauvres, je peux presque les entendre grincer des dents !

Je continue tout de même mes petites emplettes, souriante, ne prenant pas attention à certains regards appuyés. Je m'apprête à chercher un endroit ombragé pour y faire une petite pause quand mon regard s'arrête net. Un visage se distingue parmi la foule. Le problème, c'est que, ce gars, je ne le connais pas. Pourquoi est-ce qu'il me dit quelque chose alors ? Cherchant dans ma mémoire, un tilt se déclenche. Je ressors la photo de ma sacoche et la compare discrètement à l'inconnu.
C'est bien lui, le Jinchuriki de Kyubi, Uzumaki Kinzo. Je replace vite la photo à sa place, et, curiosité oblige, je m'attarde un peu en le suivant. Alors, qu'a-t-il de si terrible ? A première vue, rien du tout. Aucune 'aura machiavélique', aucun signe de quoi que ce soit en fait. Plutôt de la sérénité. C'est ça, ce ninja dégage une sérénité assez déboussolante. Je continue donc ma petite filature qui n'en est pas vraiment une et nous arrivons proche d'un terrain vague, où quelques ninjas lancent des kunais sur des cibles ou lancent des Ninjutsus basiques. Certainement un terrain d'entraînement. L'Hôte s'y arrête. Envie de s'entraîner ? Bon, allons voir ça alors !

Je prends place sur l'un des bancs au bord du terrain. Certes, c'est loin d'être discret, mais qui a dit que je voulais me faire discrète à présent ? Je suis juste une grande curieuse, et ça ne changera pas de sitôt.

Alors comme ça, il s'entraîne au lancé de kunai ? Cette réflexion me laisse perplexe. Certes, travailler sa précision est important, mais il existe d'autres moyens qu'un 'simple' lancé de kunais sur cibles. Du moins à Kumo. J'imagine qu'il ne doit pas être de même ici à Konoha. Après tout, les mœurs et coutumes diffèrent à chaque pays, ça doit être de même pour les entraînements. Je continue donc à observer le Konohajin, mais mon regard se perd vite dans le ciel bleu parsemé de gros nuages dont j'ai oublié le nom scientifique. Une étendue si vaste et dégagée, ça donne presque envie de rêver, de se laisser aller dans une flemmardise hors du commun. Tandis que je continue à rêvasser, l'un des kunais du Jinchuriki vient se planter non loin de mon petit havre de paix.

Il était évident que cette conversation allait arriver. Un large sourire fendit mon visage tandis que l'Hôte me pose ces questions. Sans répondre, je me lève et lui tourne le dos pour récupérer le kunai que le ninja a envoyé sur la cime de l'arbre se trouvant à quelques pas. Retournant sur mes pas la kunai en main, je le rends à son propriétaire tout en l'observant de haut en bas. Je lui tourne même autour, comme un chat analysant son nouveau jouet, tout en répondant, enfin.

- Mon identité importe peu, mais j'imagine que tu ne laisseras pas tomber sans l'avoir. Mina Hozuka, De Kumo, comme tu l'as fait remarquer.

Je me replace devant lui toujours tout sourire, mes grands yeux aux iris roses lui détaillant le visage. Si je devais décrire ce ninja, je dirai qu'il est bien formé, une musculature digne d'une personne se servant autant de ses membres que de son cerveau, et une taille assez impressionnante. J'ai l'habitude de me sentir petite par rapport aux autres, mais il y a des fois comme celle-ci où je me sens bien plus petite que je ne le suis. Il est bien difficile de croire que le Bijuu à Neuf Queues soit scellé à l'intérieur. Remarque un peu inutile si on y réfléchit bien : la plupart des Jinchuriki ont l'air on ne peut plus normal. Je prends un mine boudeuse et soupire avant de reprendre.

- Je voulais en voir un peu plus sur le Jinchuriki du Démon Renard, mais tu n'as pas l'air si terrible..

Une idée me passe par la tête en même tant qu'un légère étincelle par mes yeux. Il faut que je teste ce ninja. Si je réussis à en apprendre assez, je pourrai rapporter ces infos aux rebelles de Kumo. Si une guerre civile devait éclater au Pays de la Foudre, le Raikage n'hésiterait pas à faire appel aux forces Konohajin afin de calmer voire d'éradiquer les opposants. Je doute qu'ils enverraient l'Hôte de Kyubi, mais on ne sait jamais. Dans le cas où ce ninja se retrouve à Kumo, je veux savoir à quoi m'attendre. Quand je rajoute le fait qu'il soit probable que je doive revenir d'ici quelques temps pour l'amener sur l'Île Tortue.. Oui, il me faut plus d'informations sur ce gars.
Mais d'abord, il faut que j'essaie de comprendre la raison de cette demande de l'envoyer sur l'Île. C'est assez étonnant que le Hokage se sépare d'un atout aussi précieux.. A moins qu'il ne soit pas un atout ?
Dévisageant d'autant plus l'Hôte, toujours avec un sourire malgré mon air grave et perplexe, je reprends place sur le banc, en tailleur, afin de ne pas rester debout et immobile comme une statue.

- Alors, dis-moi.. Qu'as-tu donc fait pour que le Hokage lui-même demande la possibilité de t'enfermer sur le territoire Kumojin ? Tu as désobéi aux ordres..

Je me relève et m'approche de lui, devant me mettre sur la pointe des pieds pour approcher au maximum ma tête de son oreille, et termine ma phrase d'un ton un peu plus feutré.

- .. ou fait encore pire ?

Mon regard recroise le sien, puis je me recule et reprends mon air sérieux. Il faut que j'arrête de jouer, je pourrai créer un malentendu en continuant ainsi. Et si je faisait ça, il serait très délicat pour moi de garde ma place chérie. Mon humeur taquine a trop pris le dessus, je dois la remettre au placard pour quelques temps sinon je vais finir par me remettre dans une situation désagréable. Aaah, que de contradictions ! Mais il faut que je creuse un peu plus.. Il faut que je sache une chose : est-ce que ce gars est aussi pourri que les hauts représentants de son Pays ? Je prononce une dernière phrase avant de lui laisser enfin placer un mot, affichant clairement un air froid et dégoûté prendre le dessus sur mon expression.

- Peu de gens ont une aussi grande importance que la tienne, alors pourquoi ne pas en profiter au maximum ? A moins que tous tes privilèges ne te suffisent pas.

Bingo. Une lueur maligne passe à travers mes pupilles tandis que l'Hôte s'agite. Il n'est au courant de rien. J'aurai pu m'en douter, mais mettre la pagaille partout où je passe me plaît, c'est une chose qui me fait bien rire. Ce n'est pas vicieux, plutôt.. enfantin. Chacun a ses secrets, et visiblement le Jinchuriki en possède quelques uns bien cachés. Ainsi, même la plus haute autorité de ce Village-nin n'est pas au courant de l'étendue de son potentiel ? Pourtant, il est sensé être constamment surveillé.. Les membres des forces spéciales devraient savoir de quoi il est capable. S'il est aussi sûr de lui, c'est soit qu'il est imbu de lui-même, ce dont je doute, soit qu'il cache des choses encore plus importantes que sa force seule. J'en conclue brièvement que la raison pour laquelle il allait peut-être se faire amener sur l'Île Tortue est le fait qu'il soit lui-même considéré comme une menace importante au sein-même de Konoha. La même question se répète : quelle menace exactement représente-t-il ?

Ces situations tendues et pourtant si innocentes vues de l'extérieur sont certainement mes préférées, bien qu'elles ne terminent pas toujours de le meilleure manière possible. Jouer avec les gens, les laisser se jouer de moi.. me faire berner de temps à autres, c'est mesquin mais j'adore. J'ai à peine fini de lui envoyer mes piques qu'il s'approche, lui aussi tout sourire, dévoilant ses yeux de Démon. Si je n'avais pas été prise de contemplation pour ces pupilles si particulières, je lui aurais sûrement mis les doigts dans les yeux, comme une gamine voulant faire une blague. Mais il faut avouer que ces pupilles sont remarquables et que leur vue m'a glacé le sang au premier instant. Je suis presque déçue qu'il s'approche de mon oreille pour répondre, m'empêchant ainsi de l'observer de plus belle, mais ce que j'entends me rassure, d'autant plus qu'il soit peu probable qu'il mente. Une partie de la tension accumulée par mes nerfs s'échappe dans un nuage de fumée inexistante. Ce ninja ne risque pas d'être une menace directe pour Kumo, et ne sera pas le premier à courir pour soumettre un peuple, loin de là. Il pourrait même s'avérer être un allié de taille, mais comment savoir si ses intentions sont aussi bonnes qu'il le prétend ? La confiance est une chose qu'il ne faut surtout pas accorder au hasard.

Ses dernières paroles me firent reprendre contact avec la réalité. Mes pupilles qui s'étaient certainement perdues à travers le vide reprirent vie et s'agitèrent en voyant le Konohajin changer totalement son comportement. Oh, joueur ? Réaction typique chez les personnes que je fais tourner en bourrique : elles s'énervent puis deviennent douces comme des agneaux pour en savoir plus. Typique, mais naturelle. A sa place, je me poserais aussi un bon paquet de questions. Déjà : pourquoi ? Ensuite, où, quand et comment ? Mais il serait mal me connaître en pensant que je déballerai tout, sans rien en retour. Cette réflexion m'arrache un sourire tandis qu'il me tend la main pour me saluer. Je m'apprête à lui répondre que je ne suis pas une grande fan des marques de politesse quand un détail dans sa dernière phrase me fait tiquer. Je n'ai jamais parlé de l'Île Tortue : j'ai employé le terme de 'territoire Kumojin'..
Bon, après tout, il a pu le déduire au simple fait que l'Île est le meilleur endroit appartenant au Pays de la Foudre à pouvoir garder captif un Jinchuriki.

Je souris d'autant plus en voyant à quel point je pourrais le faire tourner en bourrique. Il a besoin de ces informations, et je les ai, du moins partiellement. La seule manière de les obtenir serait de me faire parler.

- Pourquoi donc te dévoilerai-je ce que je sais ?

Mon ton taquin insupporte beaucoup de monde, peu de personnes sont capables de le prendre comme une simple plaisanterie. En fait, tout dépend de la susceptibilité de la personne en face. Et plus elle l'est, plus l'envie de jouer me gagne. Insolente et taquine. Deux caractéristiques qui me décrivent bien et pourtant qui sont loin de me représenter réellement. Mais dans un monde comme celui-ci, mieux vaut montrer son vrai visage à ceux qui sont capables de le garder secret.
Je dévoile un sourire des plus provocateurs lorsqu'une idée me passe par la tête.  

- Tiens, j'ai une idée ! Tu veux en savoir plus, ce qui est légitime. Mais.. je suis une personne curieuse, vois-tu, et tu m'intéresses beaucoup. Alors je te propose ça : tu m'en dis plus sur toi, je t'en raconte plus sur ce qu'il vient de se passer au bureau de ton cher et tendre Kage.. Par exemple : es-tu rapide ?

Tandis que je lui parle, je me rapproche une nouvelle fois de lui. C'est en terminant ma phrase que je lui envois le plat de ma main en plein dans le visage, mais m'arrête au dernier moment pour ne lui poser que mon index sur le bout de son nez. Ma rapidité est sans doute l'un de mes points forts. Certes, je ne sais pas ce qu'elle vaut face à celle du Jinchuriki du Démon Renard, mais je doute qu'il aurait pu esquiver si j'avais vraiment porté le coup. Ce geste aurait pu être pris comme un véritable affront par les autres ninjas qui s'entraînent un peu plus loin et qui observent la scène. Cependant, c'est un terrain d'entraînement, et par conséquent, ils ne viennent pas s'en mêler, pensant que nous nous entraînons aussi. Faisant  un pas en arrière, je prends une mine faussement boudeuse et reporte mon attention sur Kinzo.

- Pas tellement.. A moins que tu n'aies volontairement pas réagi ? Allé Konohajin, montre moi un peu ce dont tu es capable !

Les hommes et la testostérone. Alliez les deux, et vous obtenez un feu d'artifices fait d'hormones et de machisme. Évidemment, une situation contraire serait assez étrange. Mais bon. Sa façon de démontrer ses capacités physiques m'a tout de même surprise : je m'attendais plus à une espèce de cabriole renforcée d'un cri pour détruire un gros rocher. Mais non, un simple coup de poing, silencieux, direct. C'était propre, vraiment du travail bien fait, ce qui renforce mon idée sur le personnage. Chacun d'entre nous se dévoile à travers ses faits et gestes, même les plus simples. Bien que beaucoup jouent constamment un rôle, ce qui est d'ailleurs parfois nécessaire, ils finissent presque tous par se trahir et en dire long sur eux à travers leur démarche, leur façon de parler, etc..

On peut dire qu'il m'a bien eue en tout cas. Jouer avec les mots comme il vient de le faire.. Je suis obligée de sourire en riant de moi-même. Quelle idiote vraiment. Il est évident que ce ninja en a bien plus dans la caboche que ce que sa belle bouille veut bien montrer. Loin d'être un idiot même, il est ingénieux et calculateur. Comme moi, suis-je obligée de constater en m'esclaffant une nouvelle fois. Je lui jette un rapide regard en coin alors qu'il termine de parler.
Si quelqu'un prenait une photo de la scène, il y verrait deux ninjas de pays alliés, sûrement amis, enlacés et tout sourire au bord d'un terrain d'entraînement actif et sous un ciel bleu magnifique. Si la situation était réellement ainsi.. Ce serait.. bien ? Aucun autre mot correspondant n'atteint mon cerveau tandis que j'imagine cette réalité parallèle. Oui, ce serait certainement bien, de n'avoir plus aucun problème autre que d'accomplir ses petites missions tranquillement. Raaah, il faut que j'arrête de rêver debout !

Je m'apprête à me donner une baffe mentale quand  une chose encore pire se produit. Ne m'y attendant pas, je me raidis instinctivement tandis que je sens les lèvres du Konohajin se poser sur ma joue. Une voix, une de mes nombreuses voix intérieure à vrai dire, m'intime de garder mon calme. Depuis toute petite, je ne suis pas très ouverte aux contacts physiques avec les gens. Certes, il y a des exceptions, mais me prendre ainsi par surprise aurait été synonyme de mort il n'y a pas si longtemps. Bon, quand je dis mort, ce n'est pas au sens sérieux du terme : ça s'apparente plutôt à un bon crochet en pleine face, comme idéalement celui qui fait valser l'autre à quelques mètres.
Il me teste autant que je le teste. Ce gars est vraiment sympa à titiller, il me permet en même temps de m'obliger à me faire violence pour rester dans le jeu, ce qui est devenu plutôt rare. Rapidement, je soupire en fermant les yeux, puis souris comme une gamine quand je trouve une manière gentillette de venger cet affront tacite.  

Je me retourne sur moi-même, de manière à me trouver face à face avec lui, son bras toujours enroulé autour de mes épaules. Mes mains se posent sur son torse, nu ?  Pourquoi nu d'ailleurs ? Va savoir. Bon, après tout, j'élude qu'avec le corps qu'il a, il peut se le permettre. Je relève la tête afin de pouvoir lui parler, mais suis obligée de reculer de quelques centimètre pour arriver à apercevoir le haut du personnage. Fichtre qu'il est grand ! Taquine et faussement boudeuse, je réponds à ces propos tout en me mettant sur la pointe des pieds pour gagner quelques misérables centimètres.


- Allons Konohajin ! Tes prétendantes risquent de se poser pas mal de questions si elles te voyaient ainsi, à distribuer des bises aux inconnues. Mais tu as raison, je dois te donner une récompense pour ton tour de force, même si ce n'est pas vraiment du jeu il faut l'avouer..

Marquant une pause, la mine renfrognée comme si je cherchais à mettre mes idées en phrases compréhensibles pour les autres. Ce qui d'ailleurs est le cas, ma logique personnelle est tellement bordélique que le commun des mortels aurait du mal à si retrouver s'il devait mettre le nez dedans. Enfin bref. J’appuie de plus belle sur mes pauvres petits pieds afin de m'approcher au maximum.

- Comme tu m'as eu à mon petit jeu, je vais même te faire un cadeau ! Tu n'auras pas une, mais deux infos, alors écoute bien. La première est que nous risquerons fort de nous recroiser.

Me remettant sur mes plantes de pieds, je prends quelques autres petits centimètres de recul afin d'avoir son buste entier dans me champ de vision. Je soupire, toujours comme si je cherchais à formuler mes phrases, en jouant avec deux doigts de ma main droite, se baladant comme des petites pattes sur son torse, puis montant sur son coup pour enfin atterrir sur sa joue tandis que j'aborde le second point.

- L'autre est que j'aime beaucoup les situations électriques.

Le fixant dans les yeux avec un grand sourire, je termine.

- Et j'aime bien faire ça aussi : je ne sais pas si tu connais, le Akken ?

Alors même que je prononce le nom de ma petite technique de protection électrique, elle est déjà en place. Certes, elle est mineure et ne sert presque à rien, mais je l'affectionne particulièrement pour son effet lorsqu'elle entre en contact prolongé avec un corps étranger : elle est assez douloureuse. Ayant les deux mains collées contre sa peau nue, je peux assurément dire que ça doit le chatouiller assez correctement, même si je n'ai usé de ce tour qu'une petite seconde. Le réflexe des nerfs lorsqu'on les électrise étant de se contracter, je me retire agilement de son étreinte. Pas vraiment envie qu'il me torde le cou. Et puis c'est aussi pour ne pas subir de sympathique petite vengeance après ce coup-bas si indélicat.

J'ouvre la bouche pour ajouter quelques mots, mais la referme à moitié tandis que mes oreilles m’interpellent. J'en perds même mon sourire, laissant mes sens aux aguets. A force de jouer, je n'ai pas pris la peine de surveiller correctement 'ceux qui me surveillent'. N'allez pas imaginer que j'ai le droit de me promener dans le Village de la Feuille sans qu'un œil ou deux soient posés sur ma personne ! Même alliés, les Kage ne s'accordent que peu de confiance : j'ai donc l'honneur et la joie, ironiquement parlant bien sûr, d'avoir, de temps à autres, une escorte personnelle et totalement indésirable, qui me suit comme mon ombre. Ceux là viennent d'arriver : ils font toujours plus de bruit quand ils arrivent et quand ils repartent que quand ils sont immobiles, ce qui est assez logique. Je n'ai aucun mal à les imaginer en cet instant : les ANBU de Konoha. Ces ninjas aux masquent avec leur long manteau clair, sûrement cachés parmi les arbres de la lisière avoisinante. Je n'ai qu'un mot à dire : ERF.